©Eric Traversie & ©Patrick Marion

“Je repars à Zéro...”

« Je repars à zéro ». Quelle belle idée que celle prometteuse de s’autoriser un nouveau départ ! Je repars à zéro mais pas de zéro.
Je m’appelle Nico Wayne Toussaint et cela fait 25 ans que je monte sur scène avec mon groupe pour jouer du blues, en tant que leader, harmoniciste et chanteur. Le blues, pour moi, ça a commencé par un coup de foudre pour Muddy Waters et son harmoniciste James Cotton quand j’avais quinze ans. Jouer du blues avec une guitare est dès lors  devenu un rêve secret que j’ai mis plus de 30 ans  à réaliser.
Entre temps,  l’harmonica, que j’ai démarré à l’âge de 18 ans, a été mon mode d’expression, m’a permis de me tailler un nom dans le milieu du blues et m’a fait jouer avec certains de mes idoles (James Cotton, Luther Allison …). Plusieures années vécues aux Etats Unis à travailler dans les clubs m’ont donné l’expérience des shows « à l’américaine » et ont achevé d’allumer en moi une flamme sacrée qui brûle encore à chaque concert.
Philippe Langlois et Dixiefrog ont joué un rôle majeur dans ma carrière puisque j’ai signé en 1998 sur ce label mon premier album fraîchement enregistré aux Etats Unis et que Dixiefrog et moi nous sommes restés fidèles pour les 11 albums qui ont suivi, jusqu’en 2017, incluant des collaborations avec Neal Black, Fred Chappelier, Andrew Strong ou encore Guy Davis.
Toutes ces années ont été jalonnées de tournées en Europe et en Amerique du Nord notamment. Elles ont également été marquées par de belles récompenses telles que le prix du meilleur blues songwriting en 2012 à l’ISC pour la chanson «How Long To Heal, le prix du meilleur harmoniciste à l’IBC de Memphis en 2015, deux places de finalistes à l’IBC dont une troisième place dans la catégorie « groupe » en 2015 ou encore l’entrée au Blues Hall of Fame français en 2021.
Le fan de guitare que je suis a toujours eu la chance de s’entourer d’excellents guitaristes au point de ne jamais ressentir le besoin d’en jouer lui-même, mais toujours, dans la maison, une guitare trainait, muette, dans un coin.
Lorsque le confinement est arrivé, et que je n’ai plus pu retrouver ni la scène, ni mes amis pour jouer, mes harmonicas ne m’ont plus suffit à exprimer mon blues. C’est donc tout d’abord avec une Tricone Regal que j’ai passé des heures à chercher à reproduire les sonorités de Ry Cooder ou Fred McDowell. Puis une Supro ramenée des USA juste avant la période du Covid m’a aidé à faire mes premiers phrasés en standard tuning. Si j’ai attrapé le Covid, j’ai surtout contacté le virus bien heureux de la guitare avec toutes les formes de complications sévères  qu’une telle maladie peut impliquer : achats compulsifs, quête sans fin des sons et grosses sensations  d’hypnose quand le bon riff est joué avec le bon son.
Comme une nécessité, j’ai booké une session de studio en février 2022 et j’ai enregistré un album solo « Burning Light » composé de 13 titres originaux, 7 titres que j’avais composés mais qui avaient toujours été joués par d’autres guitaristes et que, là, je me réapproprie,  et 6 nouvelles chansons. L’harmonica est toujours présent, mais au second plan cette fois.
Je repars donc à zéro avec ce nouveau projet solo, porté par toute mon expérience et la conviction que j’ai dans cette aventure, mais également jeune et fébrile dans ce nouveau rendez-vous avec le public. Nouveau départ, nouvelles sensations, une chance quand on approche le demi siècle.

Nico Wayne Toussaint